mercredi 13 janvier 2016

Première - français : Donjons et dragons

Objet d'étude : Du côté de l'imaginaire


Donjons et Dragons

Voyage dans les terres de la fantasy



Le lecteur d’œuvres de fiction fuit-il la réalité ?



La Terre du Milieu par J.R.R. Tolkien


Séance 1 : les Hobbits

Un monde imaginaire peut-il nous parler de la réalité ?


Document 1
Dans la guerre qui s'annonce entre la Puissance des Ténèbres et le reste du monde, Gandalf a choisi Frodon le Hobbit pour la périlleuse mission de destruction de l'anneau. Il lui explique son choix.
[...] - Mais il n'est qu'une seule puissance au monde qui sache tout des Anneaux et de leurs effets ; et à ma connaissance, il n'en est aucune au monde qui sache tout des Hobbits. Parmi les Sages, je suis le seul qui s'intéresse à la tradition hobbite : branche obscure de la connaissance, mais pleine de surprise. Ils peuvent être mous comme beurre et pourtant, parfois, aussi durs que de vieilles souches. Je croirais assez que certains résisteraient aux Anneaux bien plus longtemps que la plupart des Sages. Je ne pense pas que vous ayez à vous tourmenter au sujet de Bilbon.
Évidemment, il a possédé l'anneau de nombreuses années, et il s'en est servi ; il pourrait donc falloir assez longtemps pour que disparaisse l’influence - avant qu'il soit sans danger pour lui de le revoir, par exemple. Autrement, il pourrait continuer à vivre des années, tout à fait heureux : s'arrêter juste où il en était quand il s'en est séparé. Car il y a renoncé en fin de compte de son plein gré : c'est un point important. Non, je n'avais plus d'inquiétude pour ce cher Bilbon, une fois qu'il eut laissé partir l'objet. C'est à votre égard que je me sens une responsabilité.
Dès le départ de Bilbon, et toujours depuis lors, je me suis profondément soucié de vous et de tous ces charmants, absurdes et impuissants Hobbits. Ce serait un coup douloureux pour le monde que la puissance Ténébreuse étende sa domination sur la Comté ; si tous vos aimables, joyeux et stupides Bolger, Sonnecor, Bophin, Sanglebucz, et autres, sans compter les ridicules Sacquet, étaient réduits en esclavage [..]
 J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux, 1954-55




Questions :
      - A partir du lexique employé pour décrire les Hobbits, expliquez en quoi ils semblent capables d’accomplir leur mission ?
    - Si on rapproche le texte de l’époque à laquelle il a été écrit, que peuvent représenter la Puissance Ténébreuses Sauron et les Hobbits de la Comté ?
     - Quelle vérité humaine cet extrait du Seigneur des Anneaux illustre-t-il ? Quel conte du XVIIème siècle propose une leçon de vie semblable ?


Ecriture : faites le portrait d’une créature imaginaire (elfe, orc, troll, dragon, gobelin, nain, sorcier…) en expliquant leurs forces et leurs faiblesses.


Séance 2 : le nain et la guerrière


La série télévisée Game of Thrones, adaptation de la saga littéraire de Georges Martin (Le trône de fer en français), est devenue un véritable phénomène culturel rassemblant plusieurs générations de téléspectateurs.
En quoi la saga Games of Thrones nous offre-t-elle une réflexion sur la différence ?
Document 2

« Pourquoi tant lire ? »
La voix le fit sursauter. A deux pas de lui, Jon Snow l’observait avec curiosité. Un doigt plissé entre les pages, Tyrion ferma son livre. « Regarde-moi, et dis ce que tu vois. »
Le garçon le considéra d’un air méfiant. « Est-ce une blague ? Je vous vois. Vous, Tyrion Lannister.
- Tu es étonnamment poli, pour un bâtard, Snow, soupira Tyrion. Ce que tu vois est un nain. Tu as quoi, douze ans ?
- Quatorze.
- Quatorze, et tu es plus grand que je ne le serai jamais. J’ai des jambes courtes et torses, je marche avec difficulté. Il me faut une selle spéciale. Le choix était simple : elle ou un poney. Mes bras ne manquent pas de force mais, une fois encore, de longueur. Je ne saurais être un bretteur. Né paysan, on m’aurait laissé dehors jusqu'à ce que mort s'ensuive, ou bien vendu à un marchand de pitres. Par malheur, je suis né Lannister à Castral Roc, et les pitreries n'y siéent guère. On attend autre chose de moi. Le nouveau roi a épousé ma sœur, et mon répugnant neveu lui succédera sur le trône. Je dois contribuer au lustre de ma maison, quant à moi, n’est-ce pas ? Reste à définir comment. Eh bien, tout disproportionné que je suis, les jambes trop courtes pour mon torse et la tête trop grosse, je préfère trouver celle-ci taillée sur mesure pour mon esprit. Si j’examine crûment mes forces et mes faiblesses, je n’ai d’autre arme que mon esprit. Mon frère à son épée, le roi Robert sa masse d'armes, moi mon esprit…, et l’esprit a autant besoin de livres qu’une pierre à aiguiser pour conserver son tranchant. » Il tapota la reliure de cuir. « Voilà pourquoi je lis tant, Jon Snow. »
 G.R.R. Martin, Le trône de fer, 1996



Document 3 : interview d'Anne Besson sur le succès de la série Game of Thrones
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/03/anne-besson-game-of-thrones-un-besoin-de-fuir-le-malaise-contemporain_4395539_3246.html 


La guerrière Brienne de Torth, personnage de la série Game of Thrones
Questions :

     - Dans le document 2, sur quels aspects Tyrion Lannister insiste-t-il dans son autoportrait ? Comment justifie-t-il son goût pour la lecture ?
     - Documents 3 et 4, en quoi le personnage de Brienne de Torth ne correspond pas aux stéréotypes du genre ?
       - Document 3, quels sont les arguments d’Anne Besson pour expliquer le succès de la saga ?
 

Bilan : en quoi la saga Games of Thrones nous offre-t-elle une réflexion sur la différence ?  

Bonus vidéo : les raisons du succès de la série




Séance 3 : Le dragon

 
Support : nouvelle de Ray Bradbury « Le dragon » extrait du recueil Un remède à la mélancolie, 1948. 
http://www4.ac-nancy-metz.fr/ia54-circos/ienpam/sites/ienpam/IMG/pdf_Nouvelle_de_Ray_Bradbury_le_dragon.pdf 
 
Consigne : par une étude précise des procédés d’écriture, montrez comment l’auteur de la nouvelle joue avec les caractéristiques des genres littéraires comme la fantasy et le fantastique.

Rappel


« La fantasy est une littérature moderne et contemporaine, qui nait en réaction et donc en tension avec l’industrialisation économique, les bouleversements sociaux qui en découlent, et l’avènement du réalisme littéraire au XIXème siècle […] C’est une littérature du merveilleux, où le surnaturel fait partie des lois du monde fictionnel, si bien que son apparition ne pose aucun problème, ne soulève pas en soi de questionnement et d’anxiété. »
 Anne Besson


« Le fantastique c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connait que les lois naturelles dans un monde qui est bien le nôtre, face à un évènement en apparence surnaturel. »
Tzvetan Todorov